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A la volée : Le roi, son effigie et nous

A LA VOLÉE

Le roi, son effigie et nous

Les habitants de Tunis se sont réveillés il y a deux jours, sur une image, ou plutôt une pratique, avec laquelle ils ont cru avoir définitivement rompu, depuis un certain 14 janvier 2011. Des panneaux géants à l'effigie, non plus de de Ben Ali, mais du roi Salman, se dressaient, en effet, sur différentes artères entre l'aéroport et la banlieue nord. Les réactions ont tout de suite fusé.

Si l'une des plus virulentes est venue du maire de La Marsa qui y a vu une atteinte à la dignité de la Tunisie, il n'en demeure pas moins que la réprobation est quasi-générale. Il est toutefois important de souligner que les supports publicitaires concernés appartiennent à une société privée et quiconque peut les louer pour promouvoir n'importe quel "produit", à la condition qu'il ne profane pas la religion ou les moeurs.

Aussi rien n'empêchait une société saoudite établie à Tunis de faire afficher la photo du roi, d'autant qu'à l'évidence, cela n'est pas pour déplaire aux autorités tunisiennes qui s'attendent à une visite "historique" du souverain saoudien qui sera accompagné d'une délégation de plus de cent personnes, entre responsables et hommes d'affaires, avec ce que cela suppose comme accords et investissements plus que probables.

Mais là où le bât blesse c'est que cette visite coïncide avec la tenue du Sommet arabe et ces panneaux géants vont embarrasser plus d'un chef d'Etat parmi ceux qui ont confirmé leur participation à cet événement. Sans parler que (laisser) favoriser un invité par rapport à un autre est un manque flagrant de bienséance...de correction même. Aussi et pour ne pas tomber dans ce travers qui peut être très mal interprété et qui va nuire à l'image de la Tunisie, la présidence de la République et le gouvernement seraient-ils bien avisés de "pancarter" les photos des autres chefs d'Etat attendus à Tunis.

En tout cas et quoi qu'il en soit, les Tunisiens n'ont pas d'intérêt à gonfler cette affaire des panneaux dans laquelle les autorités n'ont rien à voir. Et pour une nous rejoignons à cent pour cent les propos de M. Marzouk où il a appelé tout le monde à observer une "trêve" et à considérer la période de la tenue du Sommet comme des "journées sacrées", pour éviter tout ce qui peut lui porter ombrage. Cela se répercutera inévitablement sur la Tunisie.

Sleheddine GRICHI

Note : Les articles publiés dans le cadre de cette rubrique ne reflètent que l'opinion de leurs auteurs.   

 

 

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